Gaétan

Grimper à Sadernes, à la frontière espagnole

Secteur d’escalade de la Cingle de la cova del bisbe

Début septembre 2025, on a prévu d’aller grimper dans les Alpes italiennes. Malheureusement les prévisions météo nous jouent des tours. On préfère assurer le coup, on part grimper en Espagne ! Un ami m’avait parlé de Sadernes, une falaise proche de Gérone, en Catalogne. C’est pas loin de la frontière (1h) et ça semble pas mal. On glane des infos à droite à gauche, sur le site de Gratteron et Chaussons et sur The Crag. Il y a des voies de tous les niveaux, on peut y grimper l’été à l’ombre et il y a des rivières pour se rafraîchir. Banco !

Sadernes c’est une église, un hôtel / restaurant et un camping, perdu au bout d’une vallée au milieu de l’Alta Garrotxa. On est au pied des Pyrénées, pas encore en altitude. Il peut donc faire un peu chaud en été, mais les rivières et leurs magnifiques vasques sont là pour vous rafraîchir ! Et les falaises orientées sud qui sont en dehors des gorges peuvent vous accueillir l’hiver. Vous avez compris, on peut y venir n’importe quand.
De mars à fin octobre l’accès aux gorges est réglementé. Il faut se garer soit au P0 à Sadernes (6€ en 2025), soit au camping (à Sadernes aussi) si vous restez plusieurs jours. Cela permet de préserver la vallée du surtourisme et d’éviter de potentielles interdictions.

Escalade à Sadernes, perdu dans l’Alta Garrotxa 

Les secteurs d’escalade

On avait absolument aucune attente en ce qui concerne l’escalade à Sadernes. Eh bien on n’a pas été déçu ! Les secteurs sont très variés. On passe de la dalle au gros dévers en passant par le vertical et le léger dévers, avec toutes les orientations possibles. Le caillou est très sculpté. On grimpe dans des trous, réglettes, plats et parfois sur de belles colonnettes. Les voies varient entre 15 et 50 mètres, si vous aimez les grandes envolées vous serez comblés.

Durant ce court séjour, on a pu voir quelques secteurs classiques qui valent vraiment le détour :

Secteur d’escalade du Pont D’en Valenti
  • Cingle de la cova del bisbe : LE secteur pour grimper dans le 7 dans des grandes envolées, à l’ombre jusqu’à 16h
  • Juste en face : Castell s’Espasa, des grandes longueurs ou des voies plus courtes au choix, essentiellement autour du 7a/b, à l’ombre à partir de 13h
  • Pont D’en Valenti : Un des secteurs majeurs pour les voies dans le 8. De 15 à 30 mètres de léger à gros dévers, toujours à l’ombre avec la rivière à côté.
  • Can Pixa : Du 6b au 7c+ dans du joli mur parfois déversant, à l’ombre le matin. En montant sur les secteurs au dessus qu’on nous a aussi recommandé, on peut avoir de l’ombre plus tard.

On a entendu parler d’au moins 4 ou 5 autres secteurs incontournables, qui seront pour notre prochain trip grimpe à Sadernes.
Certains secteurs sont interdits jusqu’au 31 août, mais tous ceux cités plus haut sont accessibles toute l’année.

Fréquentation

A Sadernes, on est vraiment sur le site d’escalade des habitants de Gérone. Les falaises sont très calmes en semaine. Le week-end, on croise beaucoup de randonneurs sur la piste qui dessert les différents secteurs d’escalade. Et les plus populaires d’entre eux peuvent être assez remplis. Attention on est très loin de l’affluence à Siurana ou Margalef. On reste sur un site d’escalade d’intérêt plutôt local, avec certains secteurs d’une grande qualité de rocher.

Autres activités

Le pont de Besalu


Le coin ne manque pas d’activités pour les jours de repos. Sadernes est le point de départ de nombreuses randonnées dans l’Alta Garrotxa. Et si vous préférez ne pas vous aventurez trop loin, les nombreuses vasques des 2 rivières peuvent vous accueillir le temps d’une baignade ou d’un pique-nique.
Si vous êtes motivés pour reprendre la voiture, je vous conseille de visiter le village de Besalu qui est superbe, avec son pont à l’entrée. Les plus curieux peuvent aller voir les cabanes d’Argelaguer. Leurs histoires fait penser à celle du palais idéal du facteur Cheval pour les connaisseurs. Et si vous voulez passer dans des villes un peu plus grosses, Figueras et Olot ne sont pas très loin. Le superbe centre médiéval de Gérone est à seulement 45 minutes aussi. Sadernes est en fait la falaise locale des habitants de Gérone. On a rencontré beaucoup de locaux le week-end.

Gastronomie

Il y a un bar / restaurant à Sadernes même. Le cadre est superbe si vous vous posez en terrasse après la séance d’escalade. Les plats sont cuisinés avec des produits des fermes alentours, et le bâtiment dans lequel on mange est magnifique.
Il y a aussi un restaurant gastronomique à Montagut, le Eixida Espai Cultural i Gastronòmic. Au vu du prix (25€ en 2025), la qualité du repas est juste incroyable. On a eu un apéritif, trois entrées, un plat principal, une mignardise, et un dessert ! Tout était succulent.

Une des entrées du restaurant de Montagu

Où dormir

Au camping de Sadernes. C’est vraiment la solution la plus simple. Une fois installé on a plus besoin de bouger la voiture. Le camping est calme (enfin tout dépend de vos voisins bien sûr !), il y a une mini épicerie, de quoi laver le linge, le wifi à côté de l’accueil (le réseau ne passait pas dans la vallée pour nous). Le topo étant en ce moment épuisé, vous pouvez prendre leur exemplaire en photo. Il y a une petite boîte à coté du comptoir pour contribuer à la prochaine édition si le cœur vous en dit ! Les gérants parlent espagnol et anglais (et peut-être d’autres langues en fonction des personnes sur lesquels vous tombez !)
Il y a plusieurs autres camping sur la route pour arriver à Sadernes, et aussi des gîtes dans la vallée.
Pour les amateurs de bivouac, il va falloir changer vos plans ou faire beaucoup de route !

Ravitaillement

Le mieux est de se rendre à Olot pour les courses en supermarché, ou à Figueras en arrivant.
En ce qui concerne les légumes, fruits et œufs, je vous conseille fortement de passer à Ecomtu. C’est une ferme bio située en face du pont de Llierca, dont les propriétaires sont adorables. Si vous attendez devant leur portail, les chiens devraient rapidement prévenir leurs maîtres que vous êtes là ! Leurs légumes et œufs sont vraiment bons, et les fruits proviennent d’autres fermes pas trop loin d’ici.

Comment se rendre sur place

Il n’y a pas de transport en commun pour se rendre à Sadernes, le plus simple reste donc de prendre la voiture.
Une fois sur place, si vous êtes au camping de Sadernes vous n’aurez plus à toucher la voiture. Si vous avez un vélo, vous pourrez vous déplacer très rapidement sur les différents secteurs. La plupart des approches se font sur une grosse piste que les locaux peuvent prendre en voiture. Mais ils sont les seuls à avoir le droit de le faire de mars à novembre.

Quand venir

Tout le temps !
Nous y étions tout début septembre, il faisait un peu chaud mais il était clairement possible de grimper à l’ombre.
Apparemment en hiver les locaux ne grimpent plus dans les gorges car il y fait trop froid. Par contre, il y a des secteurs face sud avec des voies de tous les niveaux avant les gorges.

Matériel à prévoir

Le matériel classique de grimpe en falaise.
Vous pouvez emmener une genouillère, elle pourrait servir dans quelques lignes.
Et si vous avez une corde de 100 mètres, ça peut être pratique dans quelques voies, mais dans l’ensemble une 80m suffit.
Il peut y avoir des chutes de pierre qui proviennent du haut des falaises, n’oubliez pas votre casque !

N’hésitez pas à nous contacter si vous avez des questions sur la grimpe à Sadernes !

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Grimper dans l’Aladağlar, aux portes de la Cappadoce

Découverte du massif de l’Aladağlar

Les montagnes au dessus du site d’escalade de Kazıklı Ali Canyon

Cela faisait plusieurs années que j’avais entendu parler du massif de l’ Aladağlar (Anti-Taurus en français) en Turquie, mais je n’avais pas encore eu l’occasion d’y poser les doigts. Cette année, on a peu de jours de vacances mais on a quand même envie de dépaysement. La frustration du dernier voyage où on a manqué de temps pour s’enfoncer plus loin en Turquie ressort, alors on se décide et on prend un billet d’avion pour Kayseri pour y passer 2 grosses semaines. Au programme : on sait pas trop encore, alors on prend de quoi faire de la falaise et de la grande voie bien sûr !

On avait acheté le topo il y a quelques années , on a donc pu facilement s’organiser pour l’arrivée sur place : une réservation pour dormir au camping de Recep et Zeynip – les auteurs du topo, une réservation pour une voiture de location et une autre pour un petit hôtel en Cappadoce, histoire de faire un peu de tourisme quand même.
Une fois sur place, on voit bien que le lieu va nous plaire. Le camping est super agréable, on peut se poser en intérieur lorsqu’il fait froid, la cuisine est entièrement équipée (vraiment n’emmenez rien, sauf si vous prévoyez de bivouaquer dans le massif), un chien adorable nous accueille et la vue est exceptionnelle ! Au fil des jours, une petite communauté se forme. Chacun vit sa vie, mais on se croise régulièrement dans le massif, on passe nos soirées ensemble, on échange les infos et conditions … un vrai petit havre de paix.

Nous étions sur place du 1er au 18 mai, la météo était beaucoup plus capricieuse qu’à l’accoutumée. C’était déjà le cas l’année précédente, peut-être aussi la suivante ? J’ai l’impression d’entendre ça très régulièrement depuis quelques années, ou que ce soit. Enfin, ça ne nous a pas empêché de bien profiter, surtout en falaise pour éviter les orages de montagne. On a seulement pu faire 2 grandes voies sur le séjour, mais elles valaient vraiment le détour.

Les falaises d’escalade de Kazıklı Ali Canyon

De gauche à droite : les falaises de Podyum, Dergah, Carnaval


On a commencé le séjour sur ce site, et on ne l’a plus lâché … il faut dire que c’est LA falaise sportive du massif.
Une gorge de conglomérat (principalement à trou) avec plus de 300 voies du 5 au 8. Orienté sud-est / nord-ouest, on peut y grimper toute l’année en jouant sur les secteurs. Avec les températures qu’on avait, on a surtout grimpé au soleil le matin puis à l’ombre l’après-midi. Voire complètement à l’ombre pour les journées les plus chaudes. Ce qui est bien, c’est qu’on peut trouver des voies de tout niveau sur les 2 orientations, personne n’est frustré comme ça !
L’approche dure de 5 à 20 minutes en fonction des secteurs où on grimpe et du parking (il y en a 2) qu’on choisit. On se gare juste au dessus des falaises et il y a juste à descendre au fond du canyon en 5 minutes, puis à choisir où grimper !

Secteur d’escalade de Podyum

Nos secteurs coup de cœur :
– Carnaval dans le 6 : un joli mur à trous et bacs qui va de la dalle au léger dévers. Des L2 ont vu le jour pour ceux qui veulent faire de grandes envolées dans le 7.
– Dergah dans le 7 : dans le prolongement de Carnaval, les voies sont plus longues ici et relativement déversantes, un vrai paradis dans le 7a/b
– Krallar Vadisi dans le 7/8 : en face de Carnaval, un magnifique mur de 30 à 40m pour des voies parfois bloc, parfois rési/conti. Faites le bon choix !
– Podyum dans le 7/8 : le gros dévers en face du sentier de descente, pour les amateurs des voies de conti sur bacs éloignés. Mieux vaut grimper dans le 7c minimum pour se faire plaisir ici mais on y trouve quelques voies plus abordables aussi.
Vous aurez peut-être la chance de croiser Mousloum, un local qui aime venir se balader dans les gorges pour voir les gens grimper. C’est lui qui nous a appris que la gorge était née d’un tremblement de terre. Il fait parti des nombreux cultivateurs de pommes de la région. Vous partagerez aussi sûrement les lieux avec Recep et Zeynip, qui viennent très souvent grimper dans le canyon, lorsqu’ils ne sont pas en montagne.

L’escalade ici reste très confidentielle. Les rares autres cordées que nous avons croisé logeaient au même endroit que nous. On est très loin des foules qu’on peut trouver parfois sur les falaises d’Antalya ou de Datça.
Il y a d’autres vallées où on peut faire de l’escalade dans l’Aladağlar, mais elles sont apparemment moins intéressantes en ce qui concerne les voies d’une longueur. Je pense notamment à la Cımbar Valley où on peut aussi trouver pas mal de grandes voies (le chant du Muezzin ou So It’s life pour ne citer qu’elles).

Grandes voies et alpinisme dans l’Aladağlar

Oui oui, alpinisme, en Turquie ! Peu de monde le sait, mais il y a bien de hautes montagnes en Turquie. Plus on se dirige à l’Est du pays et plus il est montagneux.
Le sommet de l’Aladağlar – et de toute la chaine du Taurus-, le Demirkazık, culmine à 3756m. Il est entouré par plusieurs autres sommets de plus de 3000m. Le camping lui se situe à 1500m d’altitude, tout comme le Kazıklı Ali Canyon.
On peut donc faire beaucoup d’autres activités dans la région : des treks, organisés ou non, du ski de randonnée, de l’alpinisme, de la grande voie. Il y a aussi des tours organisés pour regarder les oiseaux. Lors de notre séjour, nous avons rencontré un groupe d’anglais, venu quasi exclusivement pour faire des goulottes, course d’arêtes, etc.. Nous avons aussi rencontré 2 grimpeurs de 75 et 82 ans qui ont ouvert une nouvelle grande voie en trad. Inspirant !
De notre côté, on a pris le temps de faire 2 grandes voies qui n’étaient pas trop en altitude et à environ 30 minutes en voiture du camping. On a eu une petite frayeur d’ailleurs la première fois. Il faut remonter une piste qui est parfois très humide par endroit. Le « pot de yaourt » qu’on a loué (premier prix chez GreenMotion), n’était pas vraiment adapté à la situation ! On a donc décidé de s’arrêter un peu plus tôt sur la piste et de rallonger l’approche de 2 km.

On a fait les grandes voies Kung-fu Panda et Turkish Delight : 2 grandes voies magnifiques qui remontent de belles parois calcaires très sculptées et variées : silex, cannelures, dièdre, dalle et même un léger dévers. Elles se trouvaient toutes les deux dans une vallée au sud-est du Demirkazık. C’est possible de camper au début de la vallée au camp de Kayacık. On y trouve de l’eau et des emplacements plats au milieu des montagnes. Tout ce qu’on entend, c’et le chant du muezzin qui vient du bas de la vallée !

Sur l’approche de la grande voie Kung-fu Panda

Autres activités

Festival de montgolfière au dessus de Çavuşin 


Le camping où nous logions se trouvait à 2h du centre de la Cappadoce. On ne pouvait pas venir ici sans prendre le temps de visiter cette région historique de l’Anatolie. On a beaucoup crapahuté. Il ne faut pas hésiter à sortir des sentiers battus pour vraiment profiter des paysages (et quels paysages !). Le mois de mai est extrêmement touristique en Cappadoce. Les bus sont pleins à craquer et déposent des hordes de touristes avides de selfies sur les plus beaux points de vue. Pourtant en prenant le temps de marcher quelques dizaines de minutes, on se retrouve complètement seul pour explorer les différentes vallées et cavités. Nous avons vu nos plus beaux paysages et bâtiments troglodytes dans des endroits au final peu touristiques et plus authentiques.

Site troglodyte de Açık Saray Müzesi



Il y a quelques sites situés à une bonne heure de l’Aladaglar, qui ne sont pas encore dans le centre de la Cappadoce et qui valent absolument le détour. Je pense notamment au monastère de Niğde , et aux sites troglodytes de Soğanlı et de Derinkuyu.
Attention, on pourrait croire que c’est une bonne idée d’aller s’abriter dans ces sites troglodytes lorsque c’est le déluge. On a quand meme vu des torrents se former en 10 minutes d’orage au monastère de Gümüşler (Nidge) … impressionnant !
Petit conseil : si vous voulez voir les ballons se lever avec le soleil à 5h du matin : consulter le site Kapadokya shm. Ca vous permettra de savoir si les vols ont bien lieu, et ça vous évitera de vous lever à 5h pour rien comme on l’a fait une journée !

Le château d’Uchisar

Où dormir

La vue sur le massif de l’Aladaglar depuis le camping


Il y a plusieurs gîtes et camping dans l’Aladağlar. Mais on ne saurait que trop vous conseiller celui de Recep, l’Aladağlar Camping Bungalow. Comme dit au début de l’article, on y était vraiment bien. Il y a tout ce qu’il faut pour passer un excellent séjour et Recep saura vous donner plein de précieux conseils.
C’est aussi possible de bivouaquer en tente / van au dessus des falaises de Kazıklı Ali pour les plus petit budgets. L’endroit est magnifique et au calme. Il faudra juste trouver de quoi se ravitailler en eau.

En Cappadoce, on a choisit le Sofa hotel à Avanos, une petite ville beaucoup plus authentique et moins touristique que Göreme. On vous le recommande fortement. C’est facile de s’y garer, chacune des chambres a aussi accès à une petite terrasse et le petit déjeuner est bon et copieux !

Ravitaillement

Il y a absolument tout ce qu’il faut dans le village de Çamardı à 15 minutes du camping. Une boulangerie, trois petits supermarchés, épiciers, bouchers, primeurs et aussi une banque pour retirer de l’argent. Il y a aussi plein de petits restaurants (de poissons entre autre), kebap et pide dans le village et aux alentours.

Comment se rendre sur place

La voiture est obligatoire ici. On a pris un vol jusqu’à Kayseri, puis location de voiture pour venir dans l’Aladağlar. Il est possible de venir en bus jusqu’aux villages à l’entrée du massif, mais ensuite pour accéder aux différents secteurs d’escalade il faudra encore rouler entre 10 et 45 minutes (pour les falaises qu’on a visitées en tout cas).
On a croisé des gens en vélo, c’est une possibilité pour les plus motivés.
Pour les réfractaires de l’avion qui ont un peu de temps devant eux, vous pouvez aussi prendre le train de la France jusqu’à la Turquie, puis le bus d’Istanbul à Kayseri. On a rencontré des suisses qui ont choisit cette option.

Quand venir

Tout dépend de ce que vous voulez faire !
Pour le ski de randonnée il faut venir plutôt en hiver jusqu’en mars.
Pour grimper en falaise, ça marche déjà en hiver mais il ne faut pas espérer faire de longues journées. Le secteur Podyum résurge très tard, mi-mai les prises étaient encore un peu humides pour nous. Les turques viennent grimper en été sur ce site, lorsqu’il fait trop chaud partout ailleurs.
Pour les grandes voies, la saison commence normalement début mai, mais la météo était exceptionnellement orageuse. Il vaut mieux viser mi-mai voire juin pour les grandes voies en altitude.

Matériel à prévoir

Le matériel d’escalade emmené sur place pour deux

On est parti assez léger pour pouvoir ramener des souvenirs dans les bagages en soute … La céramique et les tapis sont de belles spécialités artisanales de la Turquie, surtout si vous trouvez votre bonheur dans des endroits pas trop touristiques.
On avait donc :
– 25 dégaines,
– une corde de 60m,
– un brin de 60m en 6mm pour rappeler la corde dans les grandes voies,
– un assureur type grigri et un réverso, des lunettes d’assurage,
– baudriers, chaussons, sac à pof, petit sac a dos pour la GV,
N’oubliez rien car ce n’est pas sur place que vous pourrez acheter du matériel d’escalade.
La corde de 60m était suffisante pour 90% des voies. Seules quelques voies de Krallar Vadisi dépassent les 30m, et sûrement aussi quelques unes à Podyum. Ces rares voies valent vraiment le détour (Prince of Persia, Trans Aladaglar …) donc à vous de voir.
Par contre, on a complètement coincé la corde dans les rappels de Freedom lorsqu’on a fait Kung-fu Panda. Le nœud de jonction avec un mousqueton entre une corde a simple et le brin de rappel se prenait dans des meutes de terre. Si vous y allez essentiellement pour faire de la grande voie, mieux vaut avoir des cordes a double.
En ce qui concerne le topo, vous pouvez le trouver au Vieux Campeur ou au camping Aladaglar Camping Bungalow. Il y a aussi pas mal de nouvelles voies que Recep peut vous décrire à la demande.

Quelques liens

Le blog de Stéphanie Bodet nous a beaucoup inspiré pour venir sur ce site, et celui de Crescendo nous a donné pas mal d’idées de grandes voies, mais ce sera pour une prochaine fois vu la météo qu’on a eu !

Le jardin de l’Aladaglar Camping Bungalow

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Hatun machay, la forêt de pierres

Le site d’escalade incontournable du pérou

Coucher de soleil sur les falaises d’Hatun Machay

Première destination grimpe de notre périple en Amérique du Sud, Hatun Machay a sûrement été une des plus marquantes.
4 jours après que notre avion se soit posé à Lima, nous voilà dans le vif du sujet ! Une forêt de pierres perdue à 4300 m d’altitude, avec plus ou moins 300 voies d’escalade réparties sur une infime partie du massif. À se perdre au milieu de ce dédale de rochers basaltiques, on s’est bien vite rendu compte que la vallée était encore très peu exploitée.

Découverte du chaos le premier soir

Un peu d’histoire

Le développement du site a commencé grâce à un Argentin, en collaboration avec la communauté locale. Un refuge a été construit et le site a grandi. Jusqu’au jour où un désaccord a provoqué l’incendie du refuge et le déséquipement de certaines voies !

Heureusement pour nous, cette histoire est du passé. Lors de notre passage toutes les falaises étaient correctement rééquipées. Quant au refuge, il est de nouveau en parfait état et prêt à accueillir des grimpeurs.

Grimper à plus de 4000m

On commence la journée vers 9h30 , quand la température devient supportable, pour finir à 18h lorsque le soleil disparaît derrière la Cordillera Negra. Le vent souffle en continu toute la journée, il faut rester couvert dès qu’on passe à l’ombre. Mais attention à ne pas trop se découvrir au soleil, ou alors pensez à vous tartiner de crème solaire !
Après 18h, quand le soleil tombe et que le thermomètre passe dans le négatif, le refuge devient un vrai havre de paix : des gens de toutes nationalités cuisinent ensemble, partagent des infos sur la grimpe ou leur voyage et planifient la prochaine journée.

L’altitude n’est pas facile à gérer au début. Lorsque nous sommes arrivés au refuge le premier jour, nous nous sommes baladés aux alentours, nous étions complètement essoufflés après 10m de dénivelé … Heureusement le souffle revient vite après quelques jours d’acclimatation.
Le Soroche (ou mal de l’altitude), lui, a mis un peu plus de temps à passer … Il peut se manifester par des problèmes digestifs (comme dans mon cas) et assez souvent par des maux de têtes ou d’autres douleurs encore. Le remède local est l’infusion de feuilles de coca, que l’on peut trouver n’importe où à Huaraz.

Pitufo gruñon, La muralla, un océan d’alvéoles
Une voie parmi tant d’autres ici !

L’escalade à Hatun Machay

En quelques mots: le rocher est d’une qualité incroyable !

Une semaine sur le site nous a permis de grimper sur une grosse partie des secteurs. Les voies se répartissent du 5 au 8b (pour le moment), avec quelques grandes voies à une heure de marche du refuge. Le site d’escalade est vraiment incontournable si vous grimpez du 6a au 7b.

Les temps d’approche varient de 10 minutes à 1 heure en fonction des secteurs. La fréquentation est encore modérée, il y avait à peu près une quinzaine de grimpeurs(ses) lorsque nous y étions en pleine saison.

On a commencé le premier jour au secteur la muralla, qui comporte quelques magnifiques voies dans un petit mur truffé d’alvéoles. Malheureusement le secteur passe vite à l’ombre. On a donc décidé de bouger sur les secteurs au soleil, en prenant un « raccourci » à travers le massif. 3h plus tard (au lieu de 30 minutes), nous voilà au pied du second secteur de la journée ! Oui on s’est légèrement rallongé … Mais la balade en valait la peine et de toute façon touché par le Soroche la grimpe était trop difficile pour moi. Deuxième secteur de la journée donc : picaflor. Encore un superbe mur à alvéoles pour les voies les plus abordables, ainsi qu’un beau mur lisse à trous du 6b au 8a.

Les journées suivantes on a préféré attendre que les falaises les plus proches du refuge passent au soleil (les grimpeurs sont fainéants c’est bien connu). A la placa verde on trouve une vingtaine de voies du 4 au 6c pour démarrer la journée en douceur. Attention quand même aux doigts, ici c’est de la dalle et lorsque le mur est encore froid ça peut piquer !

Parmi les autres secteurs que l’on a visité, la tapia, profite des derniers rayons de soleil de la soirée. On y trouve de splendides voies autour du 6b et en 7c. La partie de droite de las sietes est un petit bijou de voies à trous, plutôt dans le petit et gros 7. Pensez à repérer les pieds avant de monter les mains !
Un peu plus loin on trouve la cueva. Encore de très belles voies dans le 6 et… LE 8a d’Hatun Machay : Regreso con gloria. Du bon dévers le long d’une proue avec un final piquant, c’est pas très long, mais on se rappelle vite que l’on est à 4300m d’altitude.

Pour finir le tour des plus beaux secteurs : los españoles. Il faut marcher un peu pour y grimper, mais c’est de très loin le plus beau secteur que l’on a vu dans le 7a/b: 25m de grimpe en moyenne sur un caillou sculpté comme on en voit rarement. J’ai pu grimper sur des prises que je ne pensais voir qu’en salle tellement elles sont improbables !

Notre sélection de voies

Dans le 5
El trio es bueno, la muralla, 5a, magnifiques petites écailles
Touching the bols, la placa verde, 5, beaux mouvements sur fines écailles

Dans le 6
Smiler smiles, picaflor, 6a, léger dévers rempli d’alvéoles !
Chucru rani, la placa verde 6a+, belle dalle pleine d’écailles
Welcome to Huaraz, la fisura, 6b+, la classique en fissure

Dans le 7
Relatos de un naufrago, los sietes, 7a+, joli dièdre fissuré avec une fin en mur vertical
Samba pa ti, los españoles, 7b, clairement un des plus beaux 7b que j’ai eu l’occasion de faire, léger dévers dans un caillou exceptionnel
Apnea, La tapia, 7c, la classique dans le niveau, rési très courte sur petits trous, à ne pas faire le premier jour !

Dans le 8
Dedos negros, picaflor, 8a, superbe mur vertical à trous
Regreso con gloria, la cueva 8a, LE dévers d’Hatun Machay
Inflacion, los sietes, 8a+, comme Dedos negros mais en plus dur

Samba pa ti, Los Españoles, exceptionnel !
Mochila, notre guide sur le retour

Infos pratiques

Emmenez votre matériel d’escalade avec vous. Il y a quelques boutiques escalade et montagne à Huaraz mais les prix sont en général plus élévés qu’en Europe et vous aurez moins de choix. Si vous ne pensez grimper qu’à Hatun Machay, vous pouvez aussi louer du matériel chez Andean Kingdom.

Mieux vaut aimer les animaux à Hatun Machay ! Et au Pérou en général. Nous étions entouré par des vaches, ânes, moutons et des chiens de berger sur place. Ces derniers sont adorables, ils nous raccompagnés plusieurs fois de la falaise au refuge le soir et ne demandent que de la tendresse. Un d’entre eux nous a même ramené au bus le dernier jour, nous accompagnant plus d’une heure de marche sur une piste … Si vous le voyez au refuge n’hésitez pas à nous laisser un petit commentaire pour nous dire qu’il est bien rentré !

N’oubliez pas que vous serez à plus de 4000m d’altitude, prenez quelques jours pour vous acclimater avant. Vers Huaraz (environ 3500m d’altitude), vous pourrez faire des randonnées. Il y a également un petit site d’escalade école, Los Olivos. Le propriétaire demande 10 soles pour y grimper mais l’aménagement est confortable. Les voies dans le 4 / 5 sont exceptionnelles, parfaites pour s’initier.

A propos de la vie au Pérou

On peut très facilement faire ses courses au marché dans la rue à Huaraz et dans beaucoup de villes Péruviennes. Pour cela il faut juste éviter les endroits les plus touristiques. Le coût des fruits et légumes était vraiment dérisoire par rapport à la France en 2022.

En ce qui concerne les transports, les péruviens ayant très peu de voitures, le réseau de bus est extrêmement bien développé, mais ne fonctionne absolument pas comme chez nous : il n’y a pas d’arrêt, il faut connaître le trajet du bus que vous allez prendre et lui faire signe pour y monter. C’est valable aussi pour la descente. On se retrouve parfois à s’arrêter tous les 20 mètres, à chaque Baja !, pour faire descendre un passager… Les péruviens sont très accueillants et vous aideront si vous en avez besoin, donc n’hésitez pas à leur demander !
Les tarifs des collectivos (bus locaux) sont fixes, mais pas ceux des taxis et des compagnies de bus, négociez avec eux ! Vous pourrez faire descendre les prix de moitié voir plus parfois. Dernière info importante : il n’y a pas d’heure fixe de passage des bus : ils partent quand ils sont pleins, et ils sont pressés de partir … les dernières places peuvent donc être moins chères avec un peu de négociation.

Pour se rendre sur place

Pour info, les tarifs sont ceux de l’été 2022, négocié avec plus ou moins de réussite …
De Huaraz, on a pris un collectivo pour Catac, 6 soles par personne pour environ 1h de trajet. Renseignez-vous auprès de votre auberge pour savoir où le prendre. De la place centrale de Catac, on a négocié un taxi à 80 soles pour deux jusqu’au refuge d’Hatun Machay. Vous pouvez lui demander de revenir vous chercher si vous connaissez déjà votre date de retour.

Nous, on a choisi de redescendre la piste à pied (1h15), et de prendre un collectivo qui passait par là pour aller à Catac, (10 soles par personne). On avait prévu de prendre le bus qui allait directement à Huaraz, mais le chauffeur de collectivo nous a dit qu’il n’y en avait pas le dimanche. Merci à lui d’avoir insisté pour nous prendre ! On aurait attendu longtemps sinon …

Quand venir

La saison sèche au Pérou dure de mai à début novembre. Pour notre part, nous y étions fin août / début septembre. La météo était parfaite mais très froide lorsque le soleil se cachait, avec pas mal de vent.

Où dormir

Le refuge se situe à 5 minutes à pied des secteurs, c’est clairement le meilleur camp de base: 30 soles / nuit pour dormir en dortoir, ou 10 soles / nuit pour poser la tente (15 soles pour 2 personnes dans une tente). Peu d’emplacements sont plats par contre. Il faut aussi payer 13 soles / personne pour l’accès au parc. Le gardien, très accueillant, vous fait sentir le bienvenue dans cet havre de paix.

Des tables permettent de manger dehors, mais le soir toutes les nationalités se retrouvent au chaud dans le refuge. La cuisine, bien fournie, est accessible à tous, mais vous devrez parfois attendre votre tour, si vous arrivez à l’heure de pointe.
La douche solaire est même bouillante les beaux jours (si vous vous dépêchez après la grimpe), luxe assez rare au Pérou ! Eau de source sur place, qu’il faudra purifier l’eau tout de même, il y a énormément de pâturages dans les environs. Attention par contre, le soir elle est coupée pour éviter d’exploser les canalisations à cause du gel …

Faîtes le plein de nourriture à Huaraz, Catac est une plus petite ville. Au refuge, il y a un petit étalage épicerie pour dépanner avec l’essentiel pour survivre : des pâtes, du riz, du thon, des oeufs, des bières bien sûr, et d’autres produits présents un peu plus aléatoirement.

Huaraz est la capitale touristique des alpinistes, randonneurs et grimpeurs au Pérou. Il est donc très facile de s’y loger à prix abordable, en 2022 en tout cas. Vous trouverez tout ce qu’il faut sur place. Nous avions choisi Andes Hostel, dans une zone très calme de la ville mais pas loin du centre. La famille qui tient le gîte est adorable et propose aussi des expéditions organisées d’escalade et de randonnée.

Notre tente au milieu des moutons
Un autre point de vue sur le refuge et son enclos

Où trouver le topo

Il existe un topo d’escalade pour la zone autour de Huaraz qui peut se trouver en ville dans les magasins spécialisés, et qui est aussi consultable au refuge.
Sinon pour avoir un aperçu de ce qui vous attend, vous pouvez trouver une vieille version du topo sur le site internet toposperu.

Le matériel à prévoir

Pour ne pas trop s’encombrer, on est venu avec une corde de 60 mètres, c’est largement suffisant pour les falaises d’Hatun Machay. Les voies font pour la plupart entre 15 et 25 mètres. Mais méfiez-vous de ces courtes longueurs, on peut quand même arriver avec les bouteilles au relais ! Vu les longueurs de voies, pas besoin de beaucoup de dégaines, une douzaine suffisent largement. Le casque est fortement recommandé, les voies sont bien nettoyées mais le rocher reste un peu « neuf » par endroit.

Unique bémol du secteur : les relais. Ils sont souvent sur 2 points non reliés et au même niveau. Cela fait toronner les cordes lors d’une descente en moulinette. En fait il est plutôt d’usage dans le pays de descendre en rappel, il peut être donc bien pratique d’emporter un reverso en prévision.

Autres activités

Tellement de choses ! Huaraz est le point de départ pour toutes les expéditions dans la Cordillera Blanca. C’est le paradis de la rando mais surtout du trek en montagne, on en parlera sûrement dans un prochain article ! L’alpinisme n’est pas laissé de côté bien sûr. La mort suspendue (Joe Simpson), ça vous parle ? Ca se passe par ici 🙂
On peut aussi faire des randonnées au départ d’Hatun Machay. Il y a de nombreux sites archéologiques perdues au milieu des falaises. Et en cherchant bien vous pourrez trouver des sources d’eau chaude … très chaude ! Eh oui on est quand même dans la Cordillière des Andes, avec beaucoup de volcans dans la région.

Quelques photos supplémentaires pour vous donner envie !
N’hésitez pas à commenter si vous avez des questions ou compléter avec des informations plus récentes sur les lieux !

  • Coucher de soleil sur Hatun Machay
  • La foret de pierre d'Hatun Machay
  • Vache dans un pré devant une colline
  • Grimpeur de profil sur une voie d'escalade
  • Grimpeur dans une voie en fissure

Hatun machay, la forêt de pierres Lire la suite »