Grimper dans l’Aladağlar, aux portes de la Cappadoce

Découverte du massif de l’Aladağlar

Les montagnes au dessus du site d’escalade de Kazıklı Ali Canyon

Cela faisait plusieurs années que j’avais entendu parler du massif de l’ Aladağlar (Anti-Taurus en français) en Turquie, mais je n’avais pas encore eu l’occasion d’y poser les doigts. Cette année, on a peu de jours de vacances mais on a quand même envie de dépaysement. La frustration du dernier voyage où on a manqué de temps pour s’enfoncer plus loin en Turquie ressort, alors on se décide et on prend un billet d’avion pour Kayseri pour y passer 2 grosses semaines. Au programme : on sait pas trop encore, alors on prend de quoi faire de la falaise et de la grande voie bien sûr !

On avait acheté le topo il y a quelques années , on a donc pu facilement s’organiser pour l’arrivée sur place : une réservation pour dormir au camping de Recep et Zeynip – les auteurs du topo, une réservation pour une voiture de location et une autre pour un petit hôtel en Cappadoce, histoire de faire un peu de tourisme quand même.
Une fois sur place, on voit bien que le lieu va nous plaire. Le camping est super agréable, on peut se poser en intérieur lorsqu’il fait froid, la cuisine est entièrement équipée (vraiment n’emmenez rien, sauf si vous prévoyez de bivouaquer dans le massif), un chien adorable nous accueille et la vue est exceptionnelle ! Au fil des jours, une petite communauté se forme. Chacun vit sa vie, mais on se croise régulièrement dans le massif, on passe nos soirées ensemble, on échange les infos et conditions … un vrai petit havre de paix.

Nous étions sur place du 1er au 18 mai, la météo était beaucoup plus capricieuse qu’à l’accoutumée. C’était déjà le cas l’année précédente, peut-être aussi la suivante ? J’ai l’impression d’entendre ça très régulièrement depuis quelques années, ou que ce soit. Enfin, ça ne nous a pas empêché de bien profiter, surtout en falaise pour éviter les orages de montagne. On a seulement pu faire 2 grandes voies sur le séjour, mais elles valaient vraiment le détour.

Les falaises d’escalade de Kazıklı Ali Canyon

De gauche à droite : les falaises de Podyum, Dergah, Carnaval


On a commencé le séjour sur ce site, et on ne l’a plus lâché … il faut dire que c’est LA falaise sportive du massif.
Une gorge de conglomérat (principalement à trou) avec plus de 300 voies du 5 au 8. Orienté sud-est / nord-ouest, on peut y grimper toute l’année en jouant sur les secteurs. Avec les températures qu’on avait, on a surtout grimpé au soleil le matin puis à l’ombre l’après-midi. Voire complètement à l’ombre pour les journées les plus chaudes. Ce qui est bien, c’est qu’on peut trouver des voies de tout niveau sur les 2 orientations, personne n’est frustré comme ça !
L’approche dure de 5 à 20 minutes en fonction des secteurs où on grimpe et du parking (il y en a 2) qu’on choisit. On se gare juste au dessus des falaises et il y a juste à descendre au fond du canyon en 5 minutes, puis à choisir où grimper !

Secteur d’escalade de Podyum

Nos secteurs coup de cœur :
– Carnaval dans le 6 : un joli mur à trous et bacs qui va de la dalle au léger dévers. Des L2 ont vu le jour pour ceux qui veulent faire de grandes envolées dans le 7.
– Dergah dans le 7 : dans le prolongement de Carnaval, les voies sont plus longues ici et relativement déversantes, un vrai paradis dans le 7a/b
– Krallar Vadisi dans le 7/8 : en face de Carnaval, un magnifique mur de 30 à 40m pour des voies parfois bloc, parfois rési/conti. Faites le bon choix !
– Podyum dans le 7/8 : le gros dévers en face du sentier de descente, pour les amateurs des voies de conti sur bacs éloignés. Mieux vaut grimper dans le 7c minimum pour se faire plaisir ici mais on y trouve quelques voies plus abordables aussi.
Vous aurez peut-être la chance de croiser Mousloum, un local qui aime venir se balader dans les gorges pour voir les gens grimper. C’est lui qui nous a appris que la gorge était née d’un tremblement de terre. Il fait parti des nombreux cultivateurs de pommes de la région. Vous partagerez aussi sûrement les lieux avec Recep et Zeynip, qui viennent très souvent grimper dans le canyon, lorsqu’ils ne sont pas en montagne.

L’escalade ici reste très confidentielle. Les rares autres cordées que nous avons croisé logeaient au même endroit que nous. On est très loin des foules qu’on peut trouver parfois sur les falaises d’Antalya ou de Datça.
Il y a d’autres vallées où on peut faire de l’escalade dans l’Aladağlar, mais elles sont apparemment moins intéressantes en ce qui concerne les voies d’une longueur. Je pense notamment à la Cımbar Valley où on peut aussi trouver pas mal de grandes voies (le chant du Muezzin ou So It’s life pour ne citer qu’elles).

Grandes voies et alpinisme dans l’Aladağlar

Oui oui, alpinisme, en Turquie ! Peu de monde le sait, mais il y a bien de hautes montagnes en Turquie. Plus on se dirige à l’Est du pays et plus il est montagneux.
Le sommet de l’Aladağlar – et de toute la chaine du Taurus-, le Demirkazık, culmine à 3756m. Il est entouré par plusieurs autres sommets de plus de 3000m. Le camping lui se situe à 1500m d’altitude, tout comme le Kazıklı Ali Canyon.
On peut donc faire beaucoup d’autres activités dans la région : des treks, organisés ou non, du ski de randonnée, de l’alpinisme, de la grande voie. Il y a aussi des tours organisés pour regarder les oiseaux. Lors de notre séjour, nous avons rencontré un groupe d’anglais, venu quasi exclusivement pour faire des goulottes, course d’arêtes, etc.. Nous avons aussi rencontré 2 grimpeurs de 75 et 82 ans qui ont ouvert une nouvelle grande voie en trad. Inspirant !
De notre côté, on a pris le temps de faire 2 grandes voies qui n’étaient pas trop en altitude et à environ 30 minutes en voiture du camping. On a eu une petite frayeur d’ailleurs la première fois. Il faut remonter une piste qui est parfois très humide par endroit. Le « pot de yaourt » qu’on a loué (premier prix chez GreenMotion), n’était pas vraiment adapté à la situation ! On a donc décidé de s’arrêter un peu plus tôt sur la piste et de rallonger l’approche de 2 km.

On a fait les grandes voies Kung-fu Panda et Turkish Delight : 2 grandes voies magnifiques qui remontent de belles parois calcaires très sculptées et variées : silex, cannelures, dièdre, dalle et même un léger dévers. Elles se trouvaient toutes les deux dans une vallée au sud-est du Demirkazık. C’est possible de camper au début de la vallée au camp de Kayacık. On y trouve de l’eau et des emplacements plats au milieu des montagnes. Tout ce qu’on entend, c’et le chant du muezzin qui vient du bas de la vallée !

Sur l’approche de la grande voie Kung-fu Panda

Autres activités

Festival de montgolfière au dessus de Çavuşin 


Le camping où nous logions se trouvait à 2h du centre de la Cappadoce. On ne pouvait pas venir ici sans prendre le temps de visiter cette région historique de l’Anatolie. On a beaucoup crapahuté. Il ne faut pas hésiter à sortir des sentiers battus pour vraiment profiter des paysages (et quels paysages !). Le mois de mai est extrêmement touristique en Cappadoce. Les bus sont pleins à craquer et déposent des hordes de touristes avides de selfies sur les plus beaux points de vue. Pourtant en prenant le temps de marcher quelques dizaines de minutes, on se retrouve complètement seul pour explorer les différentes vallées et cavités. Nous avons vu nos plus beaux paysages et bâtiments troglodytes dans des endroits au final peu touristiques et plus authentiques.

Site troglodyte de Açık Saray Müzesi



Il y a quelques sites situés à une bonne heure de l’Aladaglar, qui ne sont pas encore dans le centre de la Cappadoce et qui valent absolument le détour. Je pense notamment au monastère de Niğde , et aux sites troglodytes de Soğanlı et de Derinkuyu.
Attention, on pourrait croire que c’est une bonne idée d’aller s’abriter dans ces sites troglodytes lorsque c’est le déluge. On a quand meme vu des torrents se former en 10 minutes d’orage au monastère de Gümüşler (Nidge) … impressionnant !
Petit conseil : si vous voulez voir les ballons se lever avec le soleil à 5h du matin : consulter le site Kapadokya shm. Ca vous permettra de savoir si les vols ont bien lieu, et ça vous évitera de vous lever à 5h pour rien comme on l’a fait une journée !

Le château d’Uchisar

Où dormir

La vue sur le massif de l’Aladaglar depuis le camping


Il y a plusieurs gîtes et camping dans l’Aladağlar. Mais on ne saurait que trop vous conseiller celui de Recep, l’Aladağlar Camping Bungalow. Comme dit au début de l’article, on y était vraiment bien. Il y a tout ce qu’il faut pour passer un excellent séjour et Recep saura vous donner plein de précieux conseils.
C’est aussi possible de bivouaquer en tente / van au dessus des falaises de Kazıklı Ali pour les plus petit budgets. L’endroit est magnifique et au calme. Il faudra juste trouver de quoi se ravitailler en eau.

En Cappadoce, on a choisit le Sofa hotel à Avanos, une petite ville beaucoup plus authentique et moins touristique que Göreme. On vous le recommande fortement. C’est facile de s’y garer, chacune des chambres a aussi accès à une petite terrasse et le petit déjeuner est bon et copieux !

Ravitaillement

Il y a absolument tout ce qu’il faut dans le village de Çamardı à 15 minutes du camping. Une boulangerie, trois petits supermarchés, épiciers, bouchers, primeurs et aussi une banque pour retirer de l’argent. Il y a aussi plein de petits restaurants (de poissons entre autre), kebap et pide dans le village et aux alentours.

Comment se rendre sur place

La voiture est obligatoire ici. On a pris un vol jusqu’à Kayseri, puis location de voiture pour venir dans l’Aladağlar. Il est possible de venir en bus jusqu’aux villages à l’entrée du massif, mais ensuite pour accéder aux différents secteurs d’escalade il faudra encore rouler entre 10 et 45 minutes (pour les falaises qu’on a visitées en tout cas).
On a croisé des gens en vélo, c’est une possibilité pour les plus motivés.
Pour les réfractaires de l’avion qui ont un peu de temps devant eux, vous pouvez aussi prendre le train de la France jusqu’à la Turquie, puis le bus d’Istanbul à Kayseri. On a rencontré des suisses qui ont choisit cette option.

Quand venir

Tout dépend de ce que vous voulez faire !
Pour le ski de randonnée il faut venir plutôt en hiver jusqu’en mars.
Pour grimper en falaise, ça marche déjà en hiver mais il ne faut pas espérer faire de longues journées. Le secteur Podyum résurge très tard, mi-mai les prises étaient encore un peu humides pour nous. Les turques viennent grimper en été sur ce site, lorsqu’il fait trop chaud partout ailleurs.
Pour les grandes voies, la saison commence normalement début mai, mais la météo était exceptionnellement orageuse. Il vaut mieux viser mi-mai voire juin pour les grandes voies en altitude.

Matériel à prévoir

Le matériel d’escalade emmené sur place pour deux

On est parti assez léger pour pouvoir ramener des souvenirs dans les bagages en soute … La céramique et les tapis sont de belles spécialités artisanales de la Turquie, surtout si vous trouvez votre bonheur dans des endroits pas trop touristiques.
On avait donc :
– 25 dégaines,
– une corde de 60m,
– un brin de 60m en 6mm pour rappeler la corde dans les grandes voies,
– un assureur type grigri et un réverso, des lunettes d’assurage,
– baudriers, chaussons, sac à pof, petit sac a dos pour la GV,
N’oubliez rien car ce n’est pas sur place que vous pourrez acheter du matériel d’escalade.
La corde de 60m était suffisante pour 90% des voies. Seules quelques voies de Krallar Vadisi dépassent les 30m, et sûrement aussi quelques unes à Podyum. Ces rares voies valent vraiment le détour (Prince of Persia, Trans Aladaglar …) donc à vous de voir.
Par contre, on a complètement coincé la corde dans les rappels de Freedom lorsqu’on a fait Kung-fu Panda. Le nœud de jonction avec un mousqueton entre une corde a simple et le brin de rappel se prenait dans des meutes de terre. Si vous y allez essentiellement pour faire de la grande voie, mieux vaut avoir des cordes a double.
En ce qui concerne le topo, vous pouvez le trouver au Vieux Campeur ou au camping Aladaglar Camping Bungalow. Il y a aussi pas mal de nouvelles voies que Recep peut vous décrire à la demande.

Quelques liens

Le blog de Stéphanie Bodet nous a beaucoup inspiré pour venir sur ce site, et celui de Crescendo nous a donné pas mal d’idées de grandes voies, mais ce sera pour une prochaine fois vu la météo qu’on a eu !

Le jardin de l’Aladaglar Camping Bungalow

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